“Andersen Forever” : le Danemark célèbre son écrivain mort il y a 150 ans

Au son de cloches d’église, le Danemark a donné le coup d’envoi, le lundi 4 août, d’une série de manifestations en hommage à son grand poète et conteur national Hans Christian Andersen (1805-1875). À 11 h 04 exactement (l’heure de sa mort, le 4 août 1875), des clochers de sa ville natale, Odense, de Copenhague et de quatre autres villes du royaume ont carillonné à tout-va.
“Fêter l’anniversaire d’un décès n’est pas chose si courante”, observe Eik Moeller, le président de la fondation chargée des festivités, qui dureront jusqu’à l’automne 2025. “Le Danemark compte peu de grandes ‘marques’ littéraires et culturelles, et celle d’Andersen en est une authentique. Il mérite donc un traitement spécial”, explique-t-il à l’agence de presse danoise Ritzau, dans une dépêche reprise notamment par le quotidien Kristeligt Dagblad.
Selon Claus Elholm Andersen, professeur en littérature nordique à l’Université du Wisconsin à Madison (États-Unis), l’auteur de La Petite Sirène, né dans la misère avant de devenir une célébrité européenne du XIXe siècle, a encore beaucoup à dire au monde.
“Quand nous le lisons aujourd’hui, il est évident qu’il était un observateur particulièrement perspicace des inégalités, des rapports de pouvoir et des différences sociales de son époque. C’est précisément ce qui rend ses écrits si actuels et pertinents de nos jours, tant pour les enfants que pour les adultes”, estime-t-il dans Jyllands-Posten.
H. C. Andersen, comme on le nomme le plus souvent au Danemark, “nous a tant appris sur la tristesse, les ragots, la loi de Jante [un code de conduite fictif censé condenser l’égalitarisme scandinave], le snobisme, l’amour, l’illusion et la séduction”, rappelait ce même quotidien au printemps dernier, à l’occasion de la parution d’une énième biographie consacrée au plus célèbre des Danois à l’étranger.
Dans sa patrie, “tout le monde connaît le pauvre gamin d’Odense, le vilain petit canard [du nom du conte qu’il écrivit en 1842 en s’inspirant de son parcours personnel] qui grandit et devint le conteur le plus célèbre de tous les temps, un cygne sans pareil”, ajoutait ce journal.
Mais les Danois n’en ont visiblement pas assez, puisqu’une série de manifestations aura lieu jusqu’à l’automne pour marquer le 150e anniversaire de sa mort, survenue à Copenhague, à l’âge de 70 ans, probablement à cause d’un cancer.
Représentations théâtrales, ateliers, conférences et projets artistiques se dérouleront à Odense, sur l’île de Fionie, et dans ses environs, avec l’ambition de présenter le poète et conteur sous ses côtés “sombre et lumineux”. Une initiative portée par la Fondation H. C. Andersen et par sa ville natale, située à environ 160 km à l’ouest de Copenhague.
Pourquoi l’avoir baptisée “Andersen Forever” ? s’interroge Politiken. “Mais, après tout, pourquoi pas”, embraye le quotidien, en notant que l’intéressé “avait un grand sens de l’aventure et une soif de voyages” à l’étranger. “Si on additionne ses trente voyages, il a passé neuf ans de sa vie hors du Danemark”, au Maroc, à Constantinople, ou encore au Royaume-Uni, par exemple, où il fut hébergé par le couple Dickens. Son œuvre, qui comprend 156 contes et nouvelles, a été traduite dans plus de 160 langues.

Un des clous des festivités aura lieu dans la H. C. Andersens Hus, la maison natale du conteur, à Odense, que l’architecte japonais Kengo Kuma a transformée en musée interactif en 2021. “Fleurs du souvenir”, une exposition temporaire sur “la vie, la mort et le souvenir”, y a été inaugurée ce 4 août : elle explore les plantes et les fleurs présentes dans la vie et l’œuvre de l’écrivain.
Le musée propose également, depuis le 2 avril, une exposition permanente qui passe en revue une demi-douzaine de personnes pour lesquelles Andersen “a nourri des sentiments chaleureux”, voire amoureux, et avec lesquelles il a échangé une correspondance, dont des extraits sont présentés. Cette exposition ne va pas “s’immiscer dans le débat sur [ses] préférences sexuelles”, quand bien même ces personnes sont des deux sexes, relate Politiken. Le Danois, qui ne s’est jamais marié, n’a pas eu d’enfants.
Dans Jyllands-Posten, le professeur Claus Elholm Andersen préfère, lui, mettre en avant l’œuvre : les innombrables papiers découpés, les croquis de voyage, le millier de poèmes et, bien sûr, les contes qui, “avec humour et ironie, […] mettent le doigt là où ça fait le plus mal”.
Plus d’informations sur le programme “Andersen Forever” à cette adresse.
Courrier International